Jéliotte

le-the-a-langlaise

Tableau dit « le thé à l’anglaise » huile sur toile de Michel-Barthélémy Olivier – Châteaux de Versailles et de Trianon

Jéliote à la guitare, Mozart au piano lors de la réception du prince de Conti dans le salon des quatre glaces au palais du Temple à Paris

On l’appelle Pierre Jéliote, mais nous n’allons pas ouvrir à nouveau la bataille de l’orthographe, car l’on écrit : Jéliote, Jéliot, Jélyotte, Jéliotte…etc… C’est en effet le nom de la propriété familiale à Lasseube où il naquit le 13 août 1713 de Joseph de Grichou et de Magdeleine née Mauco

Son vrai nom c’est donc Grichou ! le chanteur favori de la Pompadour devint l’artiste n° 1 de Louis XV. Il eut droit à un socle et à une statue de bronze au Parc Beaumont à Pau, mais il ne reste que le socle, car durant la guerre 39-45, on ne se contentait pas d’expédier dans les camps d’Allemagne les résistants, les travailleurs, mais on y envoyait aussi les statues de métal pour forger l’acier ou le bronze victorieux !

Ce Jéliote (tant pis pour Grichou !), accompagné de son ami Lasseubois Joseph Lacassaigne partit jeune à la maîtrise de Bétharram. Après 4 ans d’études, le voilà à Toulouse à la chorale de Saint-Etienne ; il étonne avec “ses accents dont l’aisé Jéliote a su charmer nos sens” , comme l’écrira Voltaire. Sa très belle voix de haute-contre le fit appeler à Paris en 1733 par le Prince de Carignan, inspecteur général de l’Opéra, et en quelques tours de chant, Jéliote devient “Roi de l’Opéra”

Louis XV le considère comme son “chanteur de prédilection”. Jéliote introduit la langue béarnaise à la Cour du Roi. On y écoute le béarnais des romances de Despourrins et certaines dames de la Cour ne rêvent que de bergers pyrénéens, si amoureux et si tendres.Elles voulaient voir “là haüt sus las mountagnes û pastous malurous, segut au pè d’u hau, bagnat de plous…” (là haut sur les montagnes, un berger malheureux, assis au pied d’un hêtre, inondé de pleurs)

De la Cour à Estos

Sa voix lyrique lui permet de créer de nombreux opéras de Rameau, Mondoville, Gretry, Gluck…(les Indes galantes, Dardanus, Zaïs, Zoroastre, Acanthe et Céphise, Daphnis et Alcimadure et aussi le Devin du village de Jean-Jacques Rousseau) Malgré ses triomphes en 1753, il n’avait que 40 ans, Jéliotte réclama sa retraite ; ce fut une levée de boucliers et il resta le professeur de chant des filles de Louis XV jusqu’en 1765. Il jouait fort bien du luth, écrivait des chansons charmantes, qu’il chantait en s’accompagnant lui-même, et, en 1745, il fut chargé de composer la musique d’un opéra-ballet, Zélisca, représenté à Versailles, au mariage du Dauphin, père de Louis XVI. Pierre Jeliote – plaque

Il fit bâtir à Oloron à l’angle de la route de Pau et sur la place du Marcadet, un bel hôtel, puis s’isola à Estos au château de Labat où il mourut à l’âge de 84 ans. Il est enterré dans l’église d’Estos

C’est en 1901 que fut inaugurée à Pau la statue de bronze, déportée en 1942 pour les besoins des nazis. Elle était l’oeuvre du sculpteur Paul Ducuing

Pour expliquer aux Palois le départ de ce bronze, on indiqua qu’elle était “déboulonnée et envoyée à la refonte, pour être trop disgracieuse et pas assez représentative”. Et le socle demeure vide, car même après la Libération, elle n’a jamais repris sa place.